Mésentente, sanguine par Emmanuel SAUVAN Les bases biologiques de la soumission
par
Andrew McLEAN
1ère partie: Comprendre la soumission
 
 
 
  Pour pleinement comprendre ce qu'est la soumission, vous devez en premier lieu réaliser quelle est sa raison d'être. Chez les êtres vivants, toutes les structures et tous les comportements ont une utilité, et vivre ensemble en groupes sociaux présente beaucoup plus d'avantages que d'inconvénients par rapport à la vie en solitaire. La vie en groupe permet par exemple à un plus grand nombre d'animaux de manger plus d'herbe, ce qui entraîne une meilleure satisfaction des besoins nutritionnels de chaque individu. Mais elle pose aussi aux animaux un certain nombre de problèmes, tels qu'une compétition incessante pour des ressources limitées comme la nourriture ou les partenaires sexuels. 

C'est pour cela que s'est développée au fur et à mesure de l'évolution la hiérarchie de dominance, également appelée ordre hiérarchique; grâce à elle, les comportements agressifs sont en grande partie remplacés par des mécanismes sociaux plus évolués comme les menaces ou les parades. A l'état naturel, chaque animal occupe sa place dans les degrés divers de la hiérarchie; c'est une existence relativement paisible, et si le dominant est solide et conséquent, l'harmonie règne parmi ses subordonnés. Tous ceux qui sont sous son autorité sont apaisés par sa force et sa cohérence, et éprouvent peu le besoin d'exprimer de l'insécurité par des attitudes hésitantes ou craintives. En effet, toutes les caractéristiques permanentes de l'environnement sont acceptées sans problème par les dominés à partir du moment où elles sont acceptées par le dominant. 

Mais quand l'autorité du dominant s'affaiblit, et que ceci est perçu par le cheval immédiatement inférieur, des comportements conflictuels apparaissent: une séance de grattage mutuel peut se terminer par une morsure, il y aura des invasions de l'espace personnel et des attitudes corporelles de défi. Selon les résultats obtenus, le challenger peut soit continuer à défier son adversaire, soit accéder à une nouvelle position hiérarchique, soit battre en retraite. 

Quand les animaux ont grandi ensemble, ils forment des hiérarchies si subtiles que l'on pourrait croire qu'il n'y a pas de hiérarchie. En fait elle existe bel et bien, mais n'est exprimée que par des attitudes et des gestuelles extrêmement discrètes. Les hiérarchies sociales ne sont de toute manière jamais définitives, et en tout cheval existe une prédisposition innée à tester le système pour tenter de monter dans la hiérarchie; ceci est particulièrement manifeste chez les juments. 

Les avantages qui leur sont apportés par une amélioration de leur statut social sont évidents: plus leur rang hiérarchique est élevé, plus elles ont un accès facile aux meilleures ressources alimentaires et à l'étalon. Les juments dominantes ont donc plus de chances d'être saillies les premières et de pouliner plus tôt le printemps suivant, offrant ainsi à leur foal les meilleures conditions possibles pour sa croissance. 

Ce système flexible, qui permet aux individus d'évoluer dans l'échelle de la hiérarchie en fonction de leurs qualités propres, facilite grandement l'adaptation évolutive des animaux à leur environnement. En effet, il favorise à travers la sélection naturelle les caractéristiques de la dominance, entraînant ainsi la formation et la préservation de populations animales solides et robustes.

 
  Un autre aspect de l'évolution du cheval affecte l'organisation de la hiérarchie de dominance: il s'agit de leur prédisposition naturelle à sélectionner les herbes et les grains ayant la plus haute valeur nutritive. Il est important que le cheval ait développé au cours de son évolution un goût fin; il peut ainsi détecter et sélectionner ces herbes dans lesquelles la sève monte au début du printemps, et donc bénéficier le plus tôt possible de l'augmentation de leur niveau nutritionnel qui se produit à cette époque. La tendance bien connue à modifier leur comportement que présentent de nombreux chevaux à ce moment de l'année est liée à cette augmentation générale du niveau nutritionnel des végétaux; le cheval en devient plus fringant, mais cela peut aussi aller jusqu'au point de le rendre dominant et bagarreur. Les entraîneurs de chevaux professionnels sont d'ailleurs souvent submergés par les problèmes comportementaux au printemps. 

Cette augmentation de la dominance facilite elle aussi l'adaptation au milieu naturel: elle permet aux chevaux les plus robustes, ayant le mieux choisi et assimilé leur nourriture, de monter dans la hiérarchie, et favorise ainsi la reproduction des animaux reprenant rapidement du poids et des forces après les temps difficiles et sous-alimentés de l'hiver. Le corps du cheval est adapté à ces fluctuations importantes de l'énergie emmagasinée: les réserves énergétiques sont stockées à travers sa musculature toute entière, et non pas seulement dans quelques parties séparées du corps comme c'est le cas chez l'être humain. 

Les juments dominantes ont tendance à produire des poulains dominants, simplement du fait de la protection qu'elles leur procurent: ils peuvent ainsi avoir des expériences précoces d'invasion de l'espace personnel d'autres chevaux en toute impunité, et ont donc l'avantage de pouvoir débuter leur vie dans les sommets de la hiérarchie. 

Comme ce fut le cas pour le chien, la domestication du cheval a nécessité l'élimination progressive, par le biais de la sélection, des caractéristiques génétiques liées à un tempérament très dominant. Cependant ce trait, et avec lui la réponse de fuite, est réapparu dans les races modernes, et ce notamment du fait du développement des races de chevaux de course. Il y a en effet chez eux une corrélation positive entre les performances en course et le caractère dominant, et ce particulièrement chez les juments. 

Une des particularités importantes de la dominance chez le cheval est qu'elle ne dépend pas de la taille du corps, mais de facteurs physiques internes tels que la vigueur et la robustesse, et de facteurs psychologiques tels que le souvenir des réussites et des échecs du passé et qui a été le premier occupant de la parcelle de terrain disputée... 

Les démonstrations de dominance peuvent avoir lieu en cascade, débutant au sommet de la hiérarchie: le dominant attaque son inférieur hiérarchique immédiat, puis ensuite attaque le subordonné de ce dernier et ainsi de suite. Ce phénomène est nommé agression redirigée et se produit dans toutes les hardes de chevaux, ainsi que chez tous les animaux vivant en hiérarchie de dominance, humains inclus. Mais il est plus susceptible de survenir dans une population instable ou en nombre artificiellement faible, comme par exemple une paire de chevaux: l'un d'eux est continuellement dominé et le second s'en prend à autre chose avec une grande férocité, cette autre chose pouvant être un autre animal ou une personne. 

Les petits groupes sont pour les chevaux seulement un peu plus naturels que la vie en solitaire, mais pas suffisamment pour ne pas les prédisposer à des niveaux d'agressivité anormalement élevés. Bien sûr, cela n'est pas toujours le cas, certaines paires de chevaux finissant par établir entre eux une relation à long terme stable et pacifique; dans ces cas là, la dominance est si subtile et discrète qu'elle devient difficile à mettre en évidence. Faire vivre les chevaux en paires peut également entraîner d'autres problèmes, comme une plus grande dépendance entre les deux individus qu'on ne le rencontre habituellement dans un environnement naturel.

 
  Le concept de soumission est donc directement lié à l'ordre hiérarchique et à l'obéissance. Dans toutes les disciplines, les entraîneurs compétents savent reconnaître la soumission ou le manque de soumission, et savent comment la rétablir et la maintenir. Mais la base comportementale de la soumission est un aspect de la psychologie équine que tout cavalier devrait connaître, et qui devrait faire partie de la formation professionnelle de tout enseignant. Il est réellement atterrant de constater que ce phénomène est encore si peu compris, malgré les nombreuses incursions faites par la science dans divers domaines équestres. 

Nous sommes par exemple devenus si obsédés par la mécanique équestre que nous ne voyons plus le couple cheval-cavalier que comme un système musculaire, et ne réussissons pas à enseigner aux cavaliers des techniques d'éducation du cheval adéquates; nous échouons également souvent à reconnaître la tendance à contracter des habitudes que présente le cheval, excepté quand ces habitudes sont mauvaises. 

La relaxation qui se crée chez le cheval lorsqu'il adopte, de manière correcte, une attitude longue et basse dans son dos et son encolure n'a pas pour origine première l'extension des muscles tout au long de sa colonne vertébrale, mais est en fait une conséquence directe du port de tête lui-même. Il s'agit d'une attitude de soumission, et cette posture est universellement répandue dans le règne animal. Quand le cheval abaisse sa tête ou que celle-ci est baissée manuellement par le cavalier, il devient plus calme, et ainsi, progressivement, l'abaisse encore plus. 

Les chevaux apprennent dès leur naissance que la tête en position basse est associée au calme et à la soumission, et qu'en position élevée elle l'est à la peur et à l'adrénaline. La posture entraîne l'adoption du comportement (A supposer que le cheval soit libéré de toute pression quand il baisse la tête.) et vice versa. Il faut environ 30 secondes pour atteindre la relaxation à partir du moment où le cheval a abaissé sa tête, même s'il venait auparavant d'avoir une montée d'adrénaline. 

Il est toujours intéressant de noter chez nous autres humains ce paradoxe: d'un côté, nous attribuons, à travers nos actions et surtout nos paroles, une considérable capacité de raisonnement au cheval; et de l'autre côté, nous le montons comme s'il n'était qu'un automate. Quelque part entre ces deux extrêmes se trouve la réalité du cheval: un animal social vivant selon les règles de la hiérarchie de dominance, possédant des sens bien plus aiguisés que les nôtres, une mémoire supérieure, de grandes capacités d'apprentissage par conditionnement et d'acquisition d'habitudes, et, à l'image des autres ongulés, un développement relativement faible des facultés mentales supérieures. 

Qui plus est, nous appliquons aux dynamiques relationnelles du cheval des connotations humaines, et imaginons non seulement qu'il est un partenaire égal, mais aussi qu'il désire être cela. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, étant donné que le cheval domestique apprend très rapidement qu'il doit se soumettre à l'homme; il perd sa liberté de choix tôt dans son existence, généralement au moment du sevrage. Le choix du cheval, si on le lui en octroyait un, serait de brouter en paix en compagnie de ses congénères. 

Cela ne veut pas dire que le cheval de sport n'est pas heureux de faire son travail; il l'est en raison de sa tendance à contracter des habitudes. Un cheval heureux est un cheval ayant des habitudes claires, solides et cohérentes. On pourrait dire à la limite qu'un poney au fond d'une mine de charbon est heureux dans ses habitudes, parce que toute routine, s'il n'y a pas de conflit, l'amène au contentement une fois que les habitudes sont acquises. 

Mais soyons tout à fait clairs au sujet de l'origine de la relation homme-cheval: la notion de coopération n'a aucun sens si l'on n'accepte pas en premier lieu de reconnaître que le cheval domestique a été privé de sa liberté. Il n'a en réalité pas voix au chapitre quant à l'endroit où vous voulez l'emmener, que vous soyez en train de le monter ou de le conduire en main. S'il refuse d'obéir aux ordres, il est catalogué comme indiscipliné, et chacune de ses incursions dans la liberté lui profite, résultant en un accroissement du niveau de ses résistances inspiré par la dominance. 

Ceci nous amène à la présomption incorrecte suivante, qui est que les chevaux ne peuvent être satisfaits que s'ils sont égaux. Cette supposition est elle aussi purement romantique. Le cheval est le plus heureux quand il vit dans une hiérarchie stable, comme cela a été le cas depuis des millions d'années, et comme cela l'est toujours pour tous les animaux vivant en ordre hiérarchique. Seules quelques espèces de primates, comme certains babouins, font exception aux règles de la hiérarchie et forment des coalitions. 

La position qu'il occupe dans la hiérarchie importe réellement fort peu au cheval, mais il lui est par contre extrêmement important que cette position soit clairement définie. Il est parfaitement satisfait d'être sous l'autorité d'un dominant dont le comportement est clair, sans équivoque et conséquent, mais le sera beaucoup moins s'il ne sait pas vraiment qui est le dominant parce que l'autorité de ce dernier est faible et intermittente. Répétons-le, pour une véritable satisfaction de ses besoins psychologiques, le cheval a besoin d'habitudes clairement établies, où les règles restent constantes. 

Quand deux chevaux donnent l'impression qu'ils sont en train de devenir égaux, des comportements conflictuels ne tardent pas à émerger; les animaux deviennent anxieux et commencent à manifester des comportements dominants afin de sortir de l'impasse. Ces comportements vont en s'intensifiant, passant des gestes aux menaces, pour finalement déboucher sur des comportements agressifs si la situation n'a pas encore été clarifiée, la paix réelle ne pouvant régner de nouveau que par le retour à une hiérarchie structurée. Donc, à tous égards, l'égalité dans l'ordre hiérarchique est étrangère au cheval et est pour lui une source d'anxiété. En résumé, on peut dire que le cheval a besoin de savoir qui commande, mais qu'il lui importe peu que ce soit vous ou lui, à partir du moment où l'un de vous deux détient clairement l'autorité. 

Chez d'autres espèces animales, il a été très bien démontré que dissoudre l'ordre hiérarchique dans une égalité irrésolue aboutit à générer un comportement conflictuel si massif que de nombreux domaines de la physiologie en sont affectés, tels le système immunitaire, l'appareil digestif ou la fécondité. J'ai constaté que ce phénomène existe aussi chez les chevaux: tant que l'animal se trouve en situation de conflit, il est impossible de lui faire gagner du poids quel que soit son régime alimentaire, alors que sitôt après avoir trouvé son équilibre dans une situation hiérarchique stable de soumission, le cheval se met soudainement à prendre du poids.

 
  Manier et monter un cheval implique, même au niveau le plus élémentaire, un certain degré de soumission puisque le cheval accepte, dans une certaine mesure, d'obéir aux demandes de l'humain; mais la dominance de ce dernier peut être incomplète, et le cheval rester désobéissant dans certains domaines. Si la dominance n'est pas complète, le cheval se sent jusqu'à un certain degré en situation de conflit, ce qui le pousse à intensifier ses tentatives pour résoudre le problème. Il peut se comporter de manière craintive, particulièrement si cette attitude aboutit à vous faire reculer et qu'il peut alors envahir votre espace personnel. Mais, même si cela ne va pas jusque là, votre manque d'autorité suscite chez le cheval l'expression de la réponse de peur, car il est pour lui extrêmement déstabilisant de découvrir que le supérieur hiérarchique en lequel il est sensé placer sa confiance a des pieds d'argile. 

C'est précisément pour cette raison qu'obtenir la soumission au sol aussi bien que sous la selle est un élément essentiel pour entretenir chez le cheval une attitude générale de respect. Le cheval qui a une attitude dominante au sol mais semble soumis lorsqu'il est monté verra son comportement sous la selle nettement s'améliorer après que sa conduite quand il est tenu en main ait été corrigée par quelques séances de travail à pied. En effet, l'attitude réfractaire n'est pas une chose que le cheval arbore seulement dans certaines situations: s'il découvre des brèches dans votre autorité, il cherchera à monter dans la hiérarchie, manifestant de manière erratique des attitudes craintives qui ne sont qu'une part de son comportement en situation de conflit. Etant donné que l'agression est en grande partie de la peur irrésolue, il se pourrait que l'apparition de comportements réellement agressifs ne soit qu'une question de temps. 

La confiance réelle ne peut être établie solidement que sur des bases de respect, à savoir que votre cheval doit vous respecter en tant que chef de harde, exactement de la même manière qu'il le ferait dans la nature vis-à-vis d'un cheval dominant. Toute interaction cheval-humain implique la hiérarchie sociale. Si vous n'insistez pas à tout instant sur l'obéissance au sol et que vous permettez à votre cheval d'envahir votre espace personnel, par exemple en faisant un pas vers vous ou en balançant sa tête dans votre direction, vous obligeant ainsi à vous baisser vivement ou à reculer pour esquiver, il est alors clair que votre cheval a besoin d'une sérieuse révision de son attitude. 

De même, lorsque vous le menez en licol, il devrait vous suivre et s'arrêter de sa propre initiative, calquant en quelque sorte ses mouvements sur les vôtres. Il ne devrait pas tirer sur la longe, ou pire vous entraîner là où il a envie d'aller, car une fois de plus cela indique un manque de soumission. Une fois qu'il est réellement soumis, le cheval devient encore plus calme et docile qu'auparavant. Comme tout comportement inné, l'instinct de dominance sociale n'agit pas indépendamment des comportements acquis, et est chez le cheval accru ou inhibé par les actions de ceux qui l'entourent. 

Il est par conséquent facile de comprendre pourquoi les ordres incorrects, contradictoires ou incohérents de la part du cavalier ont très fréquemment une part importante de responsabilité dans l'augmentation du niveau de dominance chez le cheval de selle. Le gros du problème est constitué par l'envoi au cheval de signaux contradictoires (Par exemple, ordonner en avant et arrêt simultanément, avant même que les significations de ces deux messages ne soient correctement apprises.), une équitation sans rectitude ni équilibre, un contact irrégulier avec la bouche du cheval du fait d'un manque de fixité, et le fait de ne pas récompenser l'exécution par le cheval de chaque mouvement ou transition en cédant instantanément. 

Ce dernier élément est la source de nombreux conflits, en particulier avec les jeunes chevaux, parce que les cavaliers commettent l'erreur de croire qu'ils utilisent un renforcement primaire lorsqu'ils récompensent vocalement ou en flattant l'encolure, et font insuffisamment attention à bien synchroniser leurs aides avec l'obéissance que leur offre leur monture. Tapes sur l'encolure et félicitations vocales sont des récompenses apprises, non innées, et font partie des renforcements secondaires. Ceux-ci sont enseignés au cheval par une forme d'apprentissage nommée conditionnement classique; c'est par lui que toutes les nouvelles associations sont apprises, et sa durée de vie est relativement courte. 

Cependant, la récompense que le cheval recherchera toujours en premier lieu est le renforcement primaire constitué par la cessation de la pression induite par vos mains et vos jambes dans sa bouche et sur son corps. Quand vous appliquez de la pression dans la bouche ou sur le corps du cheval, ou même quand vous le stimulez par des claquements de langue, vous renforcez négativement son comportement à l'instant où cette pression est supprimée. Le renforcement négatif primaire est donc le principe de base de la majeure partie des conditionnements opérants qui sont utilisés pour éduquer le cheval de selle. 

Si vous ne récompensez pas votre cheval en cédant instantanément lorsqu'il vous a obéi, vous pouvez favoriser l'apparition de comportements conflictuels qui peuvent se manifester par des tensions ou des résistances. Parmi les résistances engendrées par la dominance, on trouve renâcler, se dérober, refuser les obstacles, se cabrer, ruer, tournoyer sur place, refuser de bouger, ainsi que souvent des manifestations de tension et la réponse de peur. 

Si votre cheval arrive à tirer un profit de ses résistances, notamment par la liberté qu'il obtient avec la disparition de vos aides, alors ses résistances seront renforcées, et la dominance deviendra la cause première de résistances supplémentaires que vous aurez des difficultés à contrer, même en améliorant votre technique équestre. A ce moment là en effet, les habitudes correspondantes auront été acquises et seront devenues de solides schémas comportementaux; pensez par exemple au cheval qui refuse systématiquement à l'obstacle. 

C'est pourquoi la modification du comportement est souvent nécessaire pour régler de tels problèmes; le cheval n'écoute alors plus que sa dominance, et du fait des récompenses intrinsèques que celles-ci lui rapportent (Suppression temporaire des pressions dues aux aides, arrêt plus ou moins long du travail, voire disparition du poids du cavalier de son dos...), les résistances persistent en dépit d'un excellent entraînement dans une position impeccable. Une fois que le comportement a été modifié, le maintien d'un bon entraînement est nécessaire, afin de prévenir la réapparition des comportements de conflit dans l'avenir. 

Comme je l'ai mentionné plus haut, il ne faut jamais sous-estimer les fortes tendances à contracter des habitudes existant chez le cheval. A la différence des humains, le cheval n'agit pas selon son libre arbitre et ses opinions, et n'a pas la possibilité de comprendre le sens de ses propres actions. Au lieu de cela, il est guidé par des comportements renforcés positivement ou négativement, qui s'ils surviennent fréquemment (Par exemple s'ils sont répétés par le cavalier.) deviennent des comportements automatiques, c'est-à-dire des habitudes. 

Toutes les actions que fait un cheval de saut d'obstacles, de cross ou de dressage sont fondamentalement automatiques, et leur instantanéité explique pourquoi il est possible de franchir en toute confiance des obstacles élevés à une vitesse de 600 mètres par minute, pour peu que le cavalier ne perturbe pas le cheval par un manque d'équilibre ou des aides imprécises. 

Ces observations offrent aux entraîneurs énormément de possibilités pour obtenir la soumission du cheval sans force ni violence. Il leur suffit simplement d'imiter les gestuelles et les comportements naturels du cheval dominant, et d'exprimer cette dominance au cheval le plus tôt possible dans son existence, tout en ne lui permettant pas d'exprimer en retour ses propres comportements dominants.